L’accès et l’usage des TICs dans les établissements scolaires comoriens

Résumé
L'Autorité Nationale de Régulation des Technologies de l'Information et de la Communication a organisé en octobre 2017 un recensement sur l'accès des TIC dans les établissements scolaires et post- secondaires en Union des Comores.
Ce recensement est mis en œuvre en vue de disposer d'indicateurs fiables sur l'accès des TIC dans le secteur de l'éducation afin de faciliter l'évaluation et le suivi de la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCA2D 2015- 2019).
Pour atteindre cet objectif une enquête exhaustive a été menée et a permis de couvrir 98% des unités d'observation qui sont les établissements du primaire, du secondaire et post-secondaire. Au terme de cette opération, 655 établissements tous domaines et statut confondus ont été observés au niveau national selon la répartition insulaire suivante :
- 57 établissements scolaires à Mwali
- 234 établissements scolaires à Ndzuani
- 364 établissements scolaires à Ngazidja
Il ressort des analyses de ce recensement que le système éducatif national est dominé par le secteur public à hauteur 63,2% mais le poids du privé reste aussi important avec un pourcentage de 28,5%. L'analyse révèle également que le système est fortement dominé par l'enseignement général avec une propension de 93,9%.
Les effectifs des enseignants estimés en 2017 sont de l'ordre 10 834 répartis respectivement dans public, le privé et le communautaire comme suit : 5101 4369 et 1332 enseignants. L'essentiel de cet effectif intervient dans l'enseignement général à raison de 10 501 enseignants au niveau national (soit 97%).
Le nombre d'élèves quant à lui est évalué à 221 383 au niveau national au titre de l'année scolaire 2017 et se trouve réparti en 10 876, 83 549 et 126 958 respectivement à Mwali, Ndzuani et Ngazidja.
En ce qui concerne l'accès aux services des TIC, il est observé que dans l'ensemble, 40,6% des établissements scolaires sont branchés sur le réseau électrique public avec des disparités selon les îles.
S'agissant de la disponibilité de salles informatiques, il ressort que dans l'ensemble, 10,5% des établissements scolaires disposent d'une salle informatique. Toutefois il y a lieu de souligner que ces résultats masquent des écarts considérables entre les îles, le statut de l'établissement ou encore le type d'enseignement dispensé.
Le pourcentage d'établissements qui disposent d'au moins un ordinateur est de 27,8 % d'une façon générale avec une propension beaucoup prononcée à Mwali où la valeur de cet indicateur dépasse légèrement 35%. Le nombre moyen d'ordinateurs par établissement reste encore très faible et s'établit à environ 3 dans l'ensemble avec des légers écarts suivant les îles. Cet indicateur reste le plus élevé à Mwali mais ne dépasse pas 5 ordinateurs par établissement.
Pour ce qui est de leur utilisation dans l'éducation, moins d'un ordinateur sur cinq (19,9%) est exclusivement consacré à un usage pédagogique. La part des ordinateurs qui servent à des fins strictement administratives est, quant à elle, de 36,2% dans l'ensemble des établissements scolaires du pays.
Introduction
Le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) a mis en avant, au cours de ses deux phases, la nécessité de mesurer les TIC pour servir le développement. Il a souligné qu'il importait de suivre les progrès réalisés sur la voie de l'édification de la société de l'information en utilisant des indicateurs statistiques comparables à l'échelle internationale et a appelé les pays et les organisations internationales à attribuer des ressources suffisantes pour fournir les statistiques en matière de TIC nécessaires à l'analyse de l'évolution de la société de l'information.
Depuis l'apparition des technologies de l'information et de la communication (TIC), leur intégration dans l'éducation et les investissements financiers qu'elle implique sont un sujet de préoccupation pour les décideurs politiques dans de nombreux pays. Suite aux initiatives prises pour faire une place aux TIC dans l'éducation, il est devenu nécessaire de suivre les développements en la matière sur la base d'indicateurs fiables et valides. Une fois la valeur de ces indicateurs connue grâce à la réalisation, à l'échelle internationale, de collectes de données normalisées, les décideurs politiques pourront suivre les progrès de leur propre pays sur la voie de l'accomplissement des objectifs nationaux et comparer leur situation à celle d'autres pays de références pertinentes.
L'Union des Comores a initié des réformes dudit secteur par la loi n°97/004/AF du 24 juillet 1997 qui autorise la libéralisation du secteur et la privatisation de l'opérateur historique dont l'Etat est le seul propriétaire.
Actuellement, les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), en Union des Comores, sont régies par le décret n°14-197/PR du 25 décembre 2014 portant promulgation de la loi relative aux communications électroniques. Selon cette loi, les TIC sont définies comme étant les « technologies employées pour recueillir, stocker, utiliser et envoyer des informations incluant celles qui impliquent l'utilisation des ordinateurs ou de tout système de communications électroniques ». L'utilisation de ces différentes technologies dont l'accès à l'Internet à grande vitesse (haut débit) comme facteur-clé de compétitivité, repose sur d'innombrables indicateurs qui ont donc un impact sur la croissance économique.
Par ailleurs, face aux défis colossaux pour communauté internationale : l'accomplissement des objectifs du développement durable (ODD) et de ceux de l'Education pour tous (EPT), il semble irréaliste de partir du principe que les modes traditionnels d'enseignement permettront, de garantir l'égalité des chances et l'accès durable et abordable de tous, à un enseignement de qualité dans un monde en pleine mutation technologique. En effet, pour de nombreux systèmes d'éducation, le plus grand défi consiste à offrir à tous les individus des possibilités de formation et d'apprentissage tout au long de la vie. Et plus particulièrement à ceux qui appartiennent à des groupes marginalisés ou négligés depuis de longue date notamment les filles et les femmes. La scolarisation de ces dernières est entravée par de nombreux obstacles : les populations rurales, trop dispersées pour peupler des écoles ordinaires de manière rentable et moyennant des tailles de classe raisonnables ; les enfants issus de familles en situation de pauvreté extrême ; les groupes ayant des besoins spéciaux d'éducation ou les personnes handicapées qui n'ont pas accès à des centres de formation ; etc.).
Deux des objectifs du Plan d'action de la première phase du SMSI pour 2015, ont eu un rapport direct avec l'enjeu de l'intégration des TIC dans l'éducation et s'inscrivent dans les compétences de l'UNESCO, à savoir :
- connecter les établissements d'enseignement secondaire ou supérieur et les écoles primaires aux TIC ;
- adapter tous les programmes des établissements d'enseignement primaire et secondaire afin de relever les défis de la société de l'information, compte tenu des conditions propres à chaque pays.
Aux Comores ces objectifs ne sont pas atteints, 15 établissements ont été équipés grâce au projet « Connecté une école, connecté une communauté », financé par l'Union internationale des télécommunications (ITU). Ce nombre est en progression grâce à la composante « Stimulation de la demande » du projet RCIP4 financés par la Banque Mondiale.
En fait, tout porte à croire que l'usage des TIC dans l'éducation peut améliorer l'accès aux possibilités d'apprentissage. C'est un moyen de rehausser la qualité de l'éducation, grâce à l'adoption de méthodes pédagogiques de pointe, d'accroitre le rendement de l'apprentissage et de réformer le système d'éducation ou d'en améliorer la gestion.
En effet, l'expérience suggère que les TIC peuvent avoir un impact sur l'expansion des opportunités d'apprentissage. Elles sont aussi le catalyseur pour l'amélioration du processus d'enseignement/apprentissage en réformant les systèmes conventionnels de délivrance, en augmentant la qualité des résultats de l'apprentissage, en facilitant la formation de qualifications ultra- modernes, en favorisant l'apprentissage permanent et en améliorant la gestion institutionnelle. Il est important de comprendre que les TIC sont les outils de soutien de l'enseignement conventionnel, et non un remplacement de celui-ci. Ces TIC comprennent des technologies plus anciennes qui sont toujours abordables et largement disponibles dans la majorité des pays (par exemple, la radio et la télévision), ainsi que des technologies plus récentes (telles que les ordinateurs et l'internet), dont l'introduction peut s'avérer coûteuse, en particulier dans les zones rurales des pays en développement.
Dans un contexte où le secteur des technologies de l'information et de la communication joue un rôle croissant dans le développement socio-économique du pays et notamment dans le secteur de l'Education, les informations caractérisant ce secteur sont très importantes pour de nombreux organismes nationaux et internationaux. Ces informations sont également cruciales pour que le Gouvernement puisse élaborer une politique sectorielle sur les TIC et une stratégie nationale sur leur utilisation.
Cependant, aucun dispositif n'existe aux Comores pour mesurer l'apport des TIC dans l'éducation et permettre d'évaluer l'impact de ces dits projets dans l'économie nationale.
Dans cette perspective la mise en place d'un dispositif de suivi adéquat afin de permettre une meilleure orientation des actions des décideurs faisant jouer aux TIC leurs rôles dans le domaine de l'éducation s'avère nécessaire.
Pour disposer de bonnes statistiques, il est indispensable de réaliser des enquêtes régulières sur l'accès et l'usage des TIC dans le secteur de l'éducation.
Ainsi, l'enquête sur l'accès des TIC en Education aux Comores réalisée cette année par l'Autorité Nationale de Régulation des TIC (ANRTIC) en collaboration avec le Ministère en charge des TIC est une première initiative pour contribuer au renforcement du dispositif de suivi et d'évaluation de la mise en œuvre de : (i) la politique du secteur des TIC, (ii) la feuille de route du Gouvernement et du plan de transition du secteur de l'Education 2018-2020, toutes inscrites dans la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCA2D 2015- 2019).
La réalisation de cette enquête sur l'accès des TIC en éducation entre dans une perspective de mise en place d'un dispositif de suivi afin de permettre une meilleure orientation des actions des décideurs politique et des bailleurs s'impliquant à intégrer les TIC dans le milieu éducatif.
Cette enquête vise, de façon spécifique, à permettre le suivi et l'évaluation, sur une base de statistiques fiables, du plan sectoriel de l'éducation national et de la politique du secteur des TIC en fournissant des informations de base, à l'échelle nationale, fiables et actuelles sur les niveaux d'accès et d'usage des TIC dans l'éducation.
Ce rapport présente un aperçu global des premières données statistiques sur les technologies de l'information et de la communication (TIC) dans le secteur de l'éducation.
Il fournit les principaux résultats de cette première enquête sur l'accès des TIC réalisée en Union des Comores grâce à l'appui financier et technique de la Banque Mondiale.